Sylvie Beillard

Écrivain amateur à ses heures

L’assassin du roi

Mes impressions à la relecture du roman « L’assassin du roi », deuxième volume de la série de fantasy « L’Assassin Royal » de Robin Hobb

Grey

EL James
publié en 2015
752 pages
Genre : romance érotique
Titre original : Grey
Quatrième volume de la trilogie Fifty Shades, le premier de la version par Christian

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus.

Lundi 9 mai 2011
J’ai trois voitures.

[…]

Aujourd’hui, je vais reconquérir Ana.

***

Comme je l’ai dit et écrit précédemment, j’ai découvert que EL James avait commencé à écrire la version Christian de sa célèbre série Fifty Shades à l’occasion de mes recherches pour l’épisode du mois de février de notre podcast Des livres et nous ! sur le thème d’un roman érotique.
Et l’idée de découvrir les pensées et les motivations de ce personnage complexe, torturé m’a tout de suite séduite. D’autant plus que EL James avait inclus un court passage de la vision de Christian sur leur rencontre à la fin de la première trilogie, comme un avant-goût alléchant de ce que pouvait être ce nouveau roman.
De plus, réécrire une histoire déjà connue à travers le prisme d’un autre personnage est un exercice à la fois périlleux et intéressant, qui ne peut que parler à l’auteur en moi !

***

Le résumé de l’histoire est évidemment le même que pour la version Anastasia de la série, mais cette fois-ci du point de vue opposé.
Il s’agit donc de la rencontre entre un riche et complexe homme d’affaires pour qui le sexe est uniquement un rapport de domination et de soumission, et une innocente jeune femme aux attentes romantiques qui le séduit dès les premiers instants.

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Et en fait, tout est dit dans ce résumé.
Christian Grey est un homme qui contrôle jusqu’à l’extrême tous les domaines de sa vie. Tout est cadré, organisé au millimètre près. Et sa fortune n’est qu’un moyen qui lui permet de satisfaire ce besoin de contrôle. Même ses loisirs en sont une parfaite illustration : il aime voler, que ce soit dans un hélicoptère ou à bord d’un planeur, parce que c’est lui qui est aux commandes.
Il n’est pas surprenant que ce besoin de contrôle, qui lui vient des traumatismes de son enfance dixit le Dr Flynn, s’étende à sa vie amoureuse.
Le genre de relation qu’il propose à Anastasia, tout comme celles qu’il a entretenues avec ses précédentes partenaires sexuelles, est basé sur un rapport où le dominant contrôle tous les aspects de la vie de la soumise, avec son consentement néanmoins.

Si le roman ne nous apprend rien sur Christian de ce point de vue là, il nous permet de voir les rouages de son fonctionnement, jusqu’à l’excès.
Ainsi, par exemple, lorsque Ana part pour Savannah afin de rendre visite à sa mère, il charge son détective privé de lui communiquer les horaires et numéros des vols, ainsi que sa place dans les avions. Puis il appelle son assistante :
« – Andréa, Anastasia Steele doit prendre ces vols. Surclassez-la. Je veux qu’elle puisse avoir accès au salon des premières. Et achetez toutes les places à côté d’elle, dans tous les avions. À l’aller comme au retour. Payez avec ma carte personnelle. »
Ou encore lorsqu’elle lui apprend qu’elle vient de décrocher un travail dans une petite maison d’édition de Seattle, il s’empresse d’entamer les démarches pour racheter ladite maison d’édition.

Dans cette version, EL James confirme les soupçons qu’Ana, et surtout nous, avions concernant les agissements de Christian. Oui, il fait tout ce dont Ana le soupçonne. Même plus parfois. Et du coup, c’est décevant parce que nous, lecteur, nous n’apprenons rien.
Même la plongée dans les pensées de Christian est décevante. C’est froid, limite impersonnel. Pourtant, il montre ses émotions, il s’emporte, il s’interroge, il se torture l’esprit. Mais autant c’était immersif avec Ana, autant je suis restée spectatrice avec Christian. Peut-être justement parce que son caractère se prête moins à l’empathie…
Et même si je comprends l’omniprésence de ses cauchemars qui le ramène, et nous avec, aux traumatismes de son enfance qui ont fait de lui l’adulte qu’il est aujourd’hui, ça devient vite répétitif. Et lassant, donc.

J’attendais beaucoup de cette version parce que j’avais connu la même expérience en lisant Midnight Sun, qui est à Twilight ce que Grey est à Fifty Shades. Cette réécriture d’un autre point de vue était enrichissante pour l’histoire, à aucun moment je ne m’étais ennuyée alors que l’histoire, les dialogues étaient les mêmes.
Avec Grey, c’est tout le contraire. Si les sept cents et quelques pages se lisent malgré tout assez vite grâce au style toujours aussi vivant de EJ James, au final elles ne m’apportent rien. Ou très peu.
J’espérais rencontrer Mrs Robinson, observer d’un œil neutre sa relation passée et présente avec Christian. Leur soirée ensemble est expédiée en quatre pages, me laissant sur ma faim. Seule la tentative de suicide à son domicile d’une de ses anciennes soumises est un élément nouveau, et encore si je fais abstraction de ma lecture datant d’il y a sept ans des deux autres tomes de Fifty Shades version Ana.

Bon, cette déception ne me fera pas renoncer à mon projet de lire la suite de la version de Christian. Je garde l’espoir que les deux tomes suivants apporteront une plus-value à l’histoire.
Mais je vais sans doute m’accorder une longue pause avec d’autres styles et d’autres univers avant !