EL James
publié en 2011
666 pages
Genre : romance érotique
Titre original : Fifty shades of Grey
Premier volume de la trilogie Fifty Shades
Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus.
Je grimace dans le miroir, exaspérée.
[…]
Je me roule en boule, désespérément agrippée au ballon dégonflé et au mouchoir de Taylor, et je m’abandonne à mon chagrin.
***
Ce roman de EL James, je l’ai découvert il y a presque sept ans. J’étais ressortie de ma lecture emballée, émoustillée, enthousiaste au plus haut point. J’avais un peu déchanté dans la suite de la trilogie, mais dans l’ensemble, la série m’avait laissé une très bonne impression.
Depuis, les trois volumes étaient restés sagement rangés sur une étagère de ma chambre. Je les avais presque oubliés, malgré les adaptations cinématographiques sorties entre temps. Films que j’ai soigneusement snobés, par pur élitisme littéraire. Parce que c’est bien connu, « le film ne vaut pas le livre, c’est mal adapté, ces coupures, ces ajouts, gna gna gna… ».
Je deviens vite insupportable devant une adaptation !
C’est à l’occasion de notre Challenge Lecture que « Cinquante nuances de Grey » est ressorti du placard, un roman érotique sous la main pour Chamallow. Et j’avoue que j’étais curieuse de découvrir sa réaction à la lecture de ce que j’avais qualifié à l’époque de « porno pour les femmes ».
Bon, évidemment, une fois l’épisode de Des livres et nous ! du mois de février en ligne, je n’ai rien eu de plus pressé que de me replonger dedans, histoire de vérifier si la magie opérerait à nouveau…
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Est-il encore nécessaire de résumer l’histoire de la trilogie de EL James ?
En quelques mots, c’est la rencontre entre une jeune femme innocente et un ténébreux homme d’affaires riche à millions, pour qui le sexe se résume à des rapports de domination et de soumission.
Mais « Cinquante nuances de Grey » est bien plus qu’une banale romance dans l’univers du sado-masochisme.
Tournez la page avec moi…
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L’une des principales qualités de la série Fifty Shades de EL James, c’est que l’on vit dans la tête de l’héroïne. Pas uniquement parce que le texte est à la première personne. Mais parce qu’on est littéralement immergé dans ses pensées. Il n’y a absolument aucun filtre entre ce qu’elle vit, ce qu’elle pense et ce qu’on reçoit en tant que lecteur.
« Je n’ai jamais éprouvé ça pour qui que ce soit. Mes hormones sont en pleine ébullition. Ma peau picote là où son pouce a parcouru ma joue et ma lèvre inférieure. Je me tortille, prise d’un besoin, d’une douleur… Je ne comprends rien à cette réaction… Tiens… ça doit être ça, le désir. »
Alors oui, Anastasia Steele est un anachronisme, une oie blanche qui aurait dû vivre dans ce dix-neuvième siècle littéraire qu’elle affectionne tant ! Et pourtant elle fait preuve d’une ouverture d’esprit incroyable quand elle rencontre Christian Grey, qui ne correspond en rien à l’image du gentil garçon, du prince charmant de conte de fées.
Ah, la tragique attraction du côté sombre !
Personnellement, elle me saoule parfois un peu à vouloir comprendre ce qui a fait de Christian l’homme qu’il est, avec ses désirs peu communs. Dans sa tête de jeune fille innocente, ce n’est pas naturel. C’est forcément sa relation avec celle qu’elle nomme Mrs Robinson qui l’a construit en le détruisant. Et jusqu’à la fin de ce premier volume, elle ne saisit pas le jeu des rapports dominant-soumise. Le fait qu’il s’agisse d’une relation consentie des deux côtés. Avec du respect et de la confiance.
Ana est jeune, tellement jeune… Et Christian tellement loin d’elle. Et pas uniquement au niveau sexualité.
Du côté de l’histoire, mis à part l’univers peu banal de Christian, il y a quand même beaucoup d’attendu. Ça reste l’histoire d’une rencontre entre deux personnes, l’histoire de toute relation amoureuse. Découverte, échanges, compromis. Et parfois l’échec nécessaire pour pouvoir avancer, pour pouvoir continuer.
Mais c’est une recette qui marche, d’autant mieux que l’humour est au rendez-vous. Et j’aime cette fraîcheur de ton. C’est aujourd’hui ce qui me donne envie de découvrir Grey, la version Christian de l’histoire. Avec l’espoir que cela apportera un plus, comme ça a été le cas avec Midnight Sun par rapport à la saga Twilight – je vous invite d’ailleurs à écouter l’épisode pilote de Des livres et nous ! pour en savoir plus.
Je ne reviendrai pas – en tout cas, pas pour le moment – sur ce qui me chiffonne le plus sur le roman et la série. Je garde ça pour un prochain article. Après tout, Fifty Shades est dorénavant une double trilogie.
On se donne rendez-vous bientôt pour le prochain épisode !
Quelle surprise ! Écrivant un nouveau roman j’y glisse une scène un peu chaude. Et puis, je suis pris d’un doute. Je me dis (à moi-même… qui d’autres ?) en rigolant : « il faudrait pas non plus que je me mette à faire du 60 nuances de grey » (je m’y intéressais tellement, je croyais qu’il y en avait 60 des nuances !) Je me dis que le mieux est de le trouver et de le lire, au moins le début, doutant fort de pouvoir aller jusqu’au bout. Et là, je tombe sur un bouquin plutôt pas trop mal écrit (contrairement à ce qui se dit un peu partout), très prenant (je le lis d’une traite) et qui m’a ouvert de nouvelles perspectives (écrire des cochonneries, ça n’est pas forcément nul).
Là-dessus, je charge le 2d et le 3e volume sur ma liseuse parce que j’ai quand même bien envie de savoir où ça va. Et en fait, je découvre que, si on retire les scènes de cul, c’est juste un livre de Prince Charmant pour petites filles : lui, il n’est pas Prince, mais milliardaire, il a échappé à une enfance malheureuse et il se rattrape en donnant plein d’argent à des œuvres caritatives. Et elle, c’est la souillon, une étudiante limite gaucho, qui n’en revient pas d’avoir tiré le gros lot tout en ayant honte d’avoir accès à autant de richesses… Et à la fin (oui, je sais, je spoile…) ils se marient (fin du volume 2) et ils font beaucoup d’enfants (déjà 2 à la fin du volume 3… heureusement qu’il n’y a pas eu une suite, ils auraient été directement responsables de la surpopulation et du réchauffement climatique qui va avec !)
Pour ma part, si j’avais écrit ce bouquin, j’aurais imaginé une fin plus fun. Par exemple, après s’être perdus de vue, nos 2 héros, Christian et Ana, se retrouvent 60 ou 70 ans plus tard dans un EHPAD de luxe. Quand ils se reconnaissent, ils courent l’un vers l’autre, au ralenti forcément (pas facile faut dire, de courir avec un déambulateur). Quand enfin ils se rejoignent, ils ont déjà enlevé la moitié de leur vêtement (pyjama, robe de chambre molletonnée, gaine, slip kangourou…), prêts à s’unir une nouvelle fois. Mais, après s’être arraché mutuellement leur couche… eh bien, rien… Lui ne bande plus et elle, elle est toute sèche…
Ça aurait quand même eu une autre gueule, non ?