Ellis Peters
publié en 1982
252 pages
Genre : policier médiéval
Titre original : The Virgin in The Ice

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

Après une accalmie, le raz de marée de la guerre civile balaya soudain la cité de Worcester aux premiers jours de septembre 1139, chassant la moitié des gens, hommes et femmes, avec leurs troupeaux et leurs charrettes, et envoya sur les routes du nord ceux qui purent fuir à temps, échapper aux soudards pour se réfugier dans un manoir, un prieuré, une citadelle ou une forteresse susceptibles de leur offrir l’asile.

 

Ainsi soit-il.

 

Il y a une vingtaine d’années, était diffusée sur Canal+ une série intitulée Cadfael, qui mettait en scène les enquêtes policières d’un moine bénédictin gallois du XIIème siècle, ancien croisé et herboriste dans le monastère de Shrewsbury. Séduite dès le premier épisode, je me suis empressée de l’ajouter à ma vidéothèque lorsque les épisodes sont sortis en DVD dix ans plus tard. Et c’est à cette occasion, en parcourant les bonus, que j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas d’une création originale comme je le pensais, mais de l’adaptation d’une série de romans d’Ellis Peters, une auteure britannique.
Faute de pouvoir m’offrir les vingt romans à ce moment-là, j’ai gardé dans un coin de ma tête l’envie de les lire. L’occasion se présenterait bien un jour, n’est-ce pas ?
Alors que je cherchais une idée pour cocher la catégorie qui fait voyager dans le temps du Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu, le souvenir de frère Cadfael m’est soudain revenu. Et quelle coïncidence, la bibliothèque municipale avait en rayon plusieurs œuvres d’Ellis Peters ! Sans hésiter, mon choix s’est porté sur « La vierge dans la glace », l’épisode que j’avais préféré dans la série télévisée. Tout en ayant conscience que le potentiel de déception en serait d’autant plus élevé…

Cet épisode se déroule alors que le roi Etienne et l’impératrice Mathilde se disputent le trône d’Angleterre, les exactions de la guerre civile multipliant les réfugiés sur les routes lors d’un automne au froid précoce. Parmi eux, deux jeunes de noble naissance Ermina et Yves Hugonin et leur chaperon, sœur Hilaria une jeune religieuse. Lorsqu’ils disparaissent, le shérif Hugh Beringar, ami de frère Cadfael, est sollicité par leur tuteur pour les retrouver. En parallèle, les talents de frère Cadfael sont requis pour soigner un moine blessé et laissé pour mort après une sauvage agression. Rapidement, il s’avère que les deux affaires sont liées.
Je le reconnais, ce résumé est un peu brut et loin de faire honneur à l’œuvre d’Ellis Peters. Mais il serait dommage de dévoiler toute l’intrigue de cette enquête médiévale !

J’ai été très agréablement surprise par ma lecture. Je m’attendais à être submergée par des détails historiques concernant la situation de l’époque, mais ils ne sont là qu’en toile de fond, des touches légères qui permettent à l’histoire de s’épanouir.
Les personnages et les événements sont fidèles au souvenir que j’en avais, même certains dialogues ont été respectés dans l’adaptation télévisée. Y compris et surtout la dernière tirade de frère Cadfael qui m’avait marquée, touchée, émue.

« Inutile de parler, inutile de revendiquer, inutile d’entraver la voie qu’Olivier s’était choisie. Quel besoin avait-il d’un père, désormais ? « Mais je l’ai vu, se réjouissait-il. Je l’ai tenu par la main dans les ténèbres, je me suis assis à côté de lui et nous avons ressuscité le passé, je l’ai embrassé, j’ai eu lieu d’être fier de lui et cette fierté m’illuminera ma vie durant. Il existe sur cette terre un être merveilleux qui porte dans ses veines mon sang et celui de Mariam… Qu’importe si mes yeux l’ont aperçu pour la première et la dernière fois ! Et puis, peut-être le reverront-ils, même en ce monde… Qui sait ? »

Si je fais abstraction de la série pour me concentrer uniquement sur le roman, je retrouve un peu de cette fluidité à la lecture que j’aime tant chez Agatha Christie. Simplicité et légèreté même dans les moments sombres. Personnages vivants, attachants… réels.
Et si l’époque me rappelle inévitablement « Le nom de la rose » d’Umberto Eco – qu’il faudra que je lise un jour, lui aussi – le roman d’Ellis Peters est beaucoup plus lumineux.
En conclusion, je ne peux que vous recommander cette lecture. Et la série, avec l’excellent Sir Derek Jacobi dans le rôle de frère Cadfael !

 

Challenge Lecture 2018

  • Un livre qui vous fait voyager dans le temps

Mais ce livre pourrait également cocher la catégorie suivante :
– Un livre dont vous avez vu l’adaptation ciné

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