David et Leigh Eddings
publié en 2000
1 072 pages (2 tomes en France)
Genre : fantasy
Titre original : The Redemption of Althalus

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

Avant le Commencement, le Temps n’existait pas, tout n’était que Chaos et Ténèbres.

– Oh, Emmy, si tu savais combien je t’aime ! réussit-il enfin à dire.

Après mes dernières lectures dans des univers littéraires aussi variés que le polar, le roman sentimental, le drame, le policier historique ou la science-fiction, j’ai eu envie de renouer avec du familier, et pas seulement au niveau du genre. J’ai donc profité de nos vacances d’été deux-sévriennes pour rapporter dans ma valise une courte série de fantasy d’un auteur que je fréquente depuis des années, dont les deux volumes prenaient la poussière sur les étagères de la mezzanine.
Si je mets de côté Tolkien qui a forcément bercé tous les amateurs du genre, la première saga de fantasy que je me souviens avoir lue (et adorée) est le cycle Les Grandes Guerres des dieux de David Eddings, quatorze volumes partagés en trois parties, Les Chants de la Belgariade, Les Chants de la Mallorée et Les Chants des Préquelles. Je les recommande d’ailleurs chaleureusement à toute personne qui a plusieurs mois de lecture à occuper !
La participation de sa femme Leigh à l’écriture de ses romans étant bien connue, son nom est venu s’ajouter à celui de son mari dans leurs œuvres les plus récentes, ce qui me permet aujourd’hui de cocher la catégorie des deux auteurs dans le Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu.

Althalus est sans aucun doute le plus grand voleur du monde, une renommée qu’il doit à son talent à embobiner ses victimes avec les histoires qu’il raconte autant qu’à sa chance légendaire. Mais lorsque sa chance l’abandonne du jour au lendemain, il finit par accepter une mission en apparence très simple : dérober un mystérieux Grimoire dans la Maison du Bout du Monde.
Et c’est là que tout commence.
La maison qu’il pensait vide et abandonnée est en réalité habitée par une chatte noire aux yeux d’émeraude qui parle et lui révèle qu’elle l’a choisi, lui et nul autre, afin de combattre le maléfique dieu Daeva, dont le but est de défaire le monde. Rien que ça !
Heureusement, il sera aidé dans cette tâche par plusieurs personnes qu’il devra « recruter » dans le vaste monde : un jeune guerrier armé d’un Couteau chantant, un prêtre à la foi qui sera mise à mal, une capricieuse fille de chef, un garçon particulièrement intelligent et une femme douée du talent d’entendre les pensées des autres.

Rien de vraiment original dans cette histoire je l’admets, on retrouve ici tous les ingrédients classiques de la fantasy. Le héros malgré lui qui doit sauver le monde d’un dieu maléfique. Le groupe hétéroclite aux talents multiples. Le recours aux pouvoirs magiques. Le monde plus ou moins médiéval. Les histoires d’amour sous-jacentes. Et cætera.
Et pourtant, j’ai passé un très bon moment avec Althalus et les autres. On trouve chez David et Leigh Eddings une légèreté de ton et un humour qui rendent leurs écrits très agréables à lire.

« Debout sur le seuil, Althalus observa prudemment cette pièce étrange. De l’autre côté, un immense lit de pierre s’appuyait contre le mur. Il était couvert d’épaisses fourrures de bison. Au centre, une table de pierre polie se reposait sur un piédestal, flanquée par un banc de pierre sculptée. Dessous, il vit le Grimoire décrit par Ghend.
Althalus approcha prudemment. Il appuya sa lance contre la table et, serrant son épée de la main droite, tendit le bras gauche pour s’emparer de son butin. Quelque chose dans la façon dont Ghend lui avait remis son Grimoire noir, au camp de Nabjor, l’avait averti que les livres étaient des objets à manier avec prudence. Du bout des doigts, il effleura le doux cuir blanc de la boîte, puis retira vivement sa main et saisit sa lance car il avait entendu un léger bruit.
C’était un murmure de contentement qui semblait provenir du lit couvert de fourrures. Il n’était pas tout à fait continu ; son intensité variait comme celle d’un souffle humain.
[…]

Le bruit qui montait du lit se fit plus insistant.
Althalus distingua enfin sa source. Il cligna des yeux et faillit éclater de rire. Un chat ! Un simple chat dont le pelage ras presque noir lui permettait de se confondre avec la fourrure de bison.
Le petit animal reposait sur le ventre, la tête dressée et les yeux clos. Ses pattes antérieures étendues devant lui pétrissaient une couverture, et le bruit qui avait interloqué Althalus était un ronronnement.
Puis le chat ouvrit les yeux. Si la plupart des félins qu’Althalus avait rencontrés avaient des iris jaunes, ceux du petit animal étaient d’un vert brillant.
Il se leva, s’étira, bâilla et fit le gros dos. Puis il s’assit sur son arrière-train et fixa Althalus de son regard vert pénétrant comme s’il l’avait connu toute sa vie.
– Eh bien, tu en as mis du temps pour arriver ! lâcha-t-il d’une voix indubitablement féminine. Mais puisque te voilà, pourquoi n’irais-tu pas refermer la porte que tu as laissée grande ouverte ? Elle laisse rentrer le froid, et je
déteste le froid. »

Le seul point négatif que je me dois de mentionner concerne la dernière partie du roman. Je la trouve un peu rapide, un peu simpliste, limite un peu bâclée. Vraiment, retourner dans le passé pour modifier certains événements n’aura pas plus de conséquences que ça sur le présent ?! J’ai du mal à le croire, surtout devant les multiples tentatives d’altération de la réalité des sous-fifres de Daeva.
Et puis je l’avoue, je suis restée sur ma faim quant à la confrontation finale qui tient en moins d’une demi-douzaine de pages, de quoi se sentir frustrée après plus de mille pages de plaisir ! Ça manque à la fois de consistance et d’explications.
Mais soyons honnête, si je me montre si critique sur la fin, c’est parce que David et Leigh Eddings font partie de ces auteurs que j’aime lire (et relire). J’aime la richesse des univers qu’ils créent et qu’ils nous font parcourir, celle de leurs personnages qui sont foncièrement humains et attachants.

En conclusion, si je devais noter ce roman et lui mettre une appréciation comme sur un devoir d’école, j’écrirais ceci : « B+, bien mais peut mieux faire. Vos précédents devoirs m’avaient habituée à mieux. »

Challenge Lecture 2018

  • Un livre écrit par deux auteurs

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