Thierry Jonquet
publié en 1993
400 pages
Genre : polar

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

– Je vous préviens, c’est un véritable poème… murmura Dimeglio.

 

Nadia pleurait, seule sur la rampe, la rampe de Birkenau.

 

Pourquoi ai-je choisi de lire ce polar de Thierry Jonquet ? C’est une bonne question.
Lors de ma dernière visite à la bibliothèque municipale, juste avant les vacances, j’ai cherché à me faire une sélection hétéroclite de romans à glisser dans ma valise, histoire de varier les plaisirs. Drame, fiction psychologique, policier, roman feel good, science-fiction. Peut-être un peu de fantasy piochée sur les étagères de ma bibliothèque personnelle restée dans les Deux-Sèvres pour équilibrer le tout.
Et donc, je me suis retrouvée devant le rayon Policier, à hésiter en terre inconnue, à chercher des auteurs « (re)connus » du genre, français cette fois, pour changer de ma précédente expérience avec le polar nordique. Pourquoi pas Thierry Jonquet… J’ignorais alors que ce roman que je prenais au hasard avait donné naissance à la série télévisée Boulevard du Palais. Une fois encore, c’est la dernière phrase qui a guidé mon choix. Comme quoi…

Le corps en pleine décomposition d’une jeune femme est retrouvé dans une chambre sordide, au dernier étage d’un immeuble. Détail insolite, sa main droite a été coupée et a disparu. L’enquête est confiée au commandant Rovère de la Police Judiciaire et à son équipe, sous la direction du commissaire Sandoval, en lien avec Nadia Lintz, juge d’instruction récemment mutée à Paris.

Bien que n’étant pas familière du genre, je ne me suis pas sentie dépaysée en commençant ma lecture. Rien de bien original avec la découverte du corps par l’équipe chargée de l’enquête, les rouages de l’instruction qui se mettent en marche, le rapport du légiste, les premières recherches rendues difficiles par l’identification impossible de la victime, les histoires personnelles qui étoffent les personnages. Bref, je m’attendais à une lecture peu passionnante.
Et puis arrive le chapitre 10, qui nous plonge dans le point de vue du meurtrier. La rencontre, l’histoire qui précède son geste. Les prémices de ce qui le fait agir. Et déjà des indices quant à son identité. « Son regard, encore une fois, s’attarda sur la tache, la tache rouge, l’œil dont l’éclat l’obsédait depuis si longtemps. Aussi loin qu’il pouvait fouiller dans sa mémoire, il se souvenait de cet œil, posé sur lui. »
À partir de cet instant, j’avance plus vite dans ma lecture, dans ma découverte. Impatiente.
Les affaires se croisent, s’enrichissent. Certaines sans lien avec l’intrigue principale, avec le seul intérêt de nous familiariser avec les protagonistes. Galerie de portraits classique mais intéressante. L’alcoolique. L’arriviste. Le petit nouveau. Ceux qui dissimulent des secrets. L’expérimenté qui n’a pas envie de raccrocher. La prostituée. Les drogués. Les trafiquants. Les magouilleurs. Ceux qui se souviennent du passé. L’Histoire qui s’invite en pointillé, dont on ne devine pas encore la place qu’elle tiendra dans le dénouement.
Alors évidemment, j’ai identifié le meurtrier dès le deuxième chapitre écrit de son point de vue, vers le milieu du roman. Mais ce n’est pas important. On se laisse porter par la progression de l’enquête, les impasses prévisibles et les hasards heureux. Parce que certaines questions restent sans réponse jusqu’à ce moment où l’on change de cadre. Révélations sur le passé. Des uns et des autres. Sur les motivations. Sur les liens inattendus qui se créent.
Parce que je ne m’attendais pas, malgré la dernière phrase, à finir ici. « Nadia contempla l’entrée du camp, la tour du poste de garde, le porche ovale sous lequel s’engouffraient les rails de chemin de fer, pour aboutir à la rampe, envahie d’herbes folles. »
Petit détail qui a son importance, je m’interrogeais depuis le début du roman sur le choix de ce titre. Pourquoi « Les orpailleurs » ? Le lien qui me semblait inexistant est d’une telle évidence à la fin du roman. Un grand bravo à Thierry Jonquet pour ce polar que je suis ravie d’ajouter au Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu !

 

Challenge Lecture 2018

  • Un polar

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