Stephen Gilbert
publié en 1943
270 pages
Genre : fantastique
Titre original : The Lanslide

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

J’ai habité, jusqu’à l’âge de douze ans, une maison de paysans, composée de plusieurs pièces, et donnant sur une longue échancrure de la côte, un bras de mer qui pénétrait loin dans les terres.

 

– Adieu, Grand-père, sanglotai-je, adieu, adieu…

 

Alors qu’à mon habitude, je vagabondais au rayon Fantastique/Science-fiction de la bibliothèque municipale, choisissant des ouvrages au hasard pour voir si le résumé « collait » à une des catégories du Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu, je suis tombée sur ce roman de Stephen Gilbert dont la quatrième de couverture me vendait du rêve : la côte sauvage irlandaise…
En quelques instants, les étagères de la bibliothèque avaient disparu et les paysages enchanteurs de l’île d’émeraude apparurent sous mes yeux. Le Kerry. Le Connemara. Le Donegal.  Ahhh l’Irlande, pays tant aimé… Ses lacs mystérieux, ses routes qui mènent au bout du monde, ses nuances infinies de vert, ses vestiges d’un autre temps, ses panneaux écrits en gaélique, ses légendes, sa musique, sa chaleur !
Ahem, je crois que je m’égare…
Les images enchanteresses s’effacent et je me retrouve sur la mezzanine de la bibliothèque, « Le Cataclysme » à la main. Sans chercher à en savoir plus, je sens que j’ai trouvé un roman sur un pays qui me fascine.
J’aurais peut-être dû chercher à en savoir plus…

Une nuit d’un printemps pluvieux, un roulement de tonnerre retentit, bientôt suivi d’un tremblement de terre, réveillant Wolfe, jeune garçon de douze ans qui vit avec ses parents et son grand-père dans une vieille maison de paysans sur une péninsule irlandaise. Dans la chaleur des jours qui suivent, il découvre qu’une jungle primitive est sortie de terre dans une baie à quelque distance du village, et avec elle des animaux inconnus, aux couleurs éclatantes. Parmi eux, ce qui ressemble à un dragon et à un serpent de mer. D’abord effrayé, le jeune garçon raconte sa découverte à son grand-père avant d’y retourner avec lui et d’adopter bientôt un genre de chien vert qui en est sorti.
Les jours passent. Irrésistiblement attirés par cette flore et surtout cette faune inédites, Wolfe et son grand-père retournent presque quotidiennement à la Baie lointaine, sympathisant avec le Dragon, le Serpent de mer et toutes les autres créatures, communiquant bientôt avec elles par la pensée.
Mais une telle découverte ne peut rester longtemps secrète. Un jour, le Dragon s’endort dans l’église du village alors qu’il vient rendre visite à Wolfe et à son grand-père. L’exorcisme du prêtre catholique n’y faisant rien, les villageois prennent peur et tentent de le chasser à coup de pierres, accusant au passage le grand-père de sorcellerie. Pour sauver leur vie à présent menacée – il faut préciser que le dragon a détruit les champs de blé situés autour du village par esprit de vengeance et à la demande de Wolfe – le grand-père et son petit-fils finissent par élire domicile dans la caverne du Dragon.
Là, ils coulent des jours paisibles, nourris par les provisions que la crainte qu’ils inspirent aux villageois leur fournit. Enfin, des jours paisibles… jusqu’à un certain point. Après deux tentatives pour se débarrasser d’eux – la première lors d’une attaque surprise de nuit, la seconde en empoisonnant leur nourriture – et avec l’arrivée de la mauvaise saison, le grand-père comprend que leur escapade ne peut durer éternellement. Les créatures primitives ne survivront visiblement pas à la disparition de la chaleur et à la décrépitude de la jungle qui les nourrit. Le Serpent de mer finit par les abandonner pour des mers plus chaudes et le mirage de congénères vivants sur une île paradisiaque. Quant au Dragon, il provoque l’ensevelissement de toutes les créatures transies de froid dans sa caverne. Le poids des années pesant soudainement dans ses jambes, le grand-père pousse Wolfe à regagner le village et le refuge de la maison du prêtre, avant de disparaître dans la lande.

Alors, comment dire ?
Si le résumé est un régal, la lecture du roman de Stephen Gilbert m’a semblé une véritable purge !
L’action se limite le plus souvent aux allers et venues entre la maison de Wolfe et la Baie lointaine, crapahutages sous une chaleur accablante ou à la tombée de la nuit. Les descriptions sont répétitives et fades : les collines, la bruyère, la côte, les créatures d’un vert éclatant – à part les lézards rouge vif et une plante bleue avec un œil. Quant aux dialogues, ils sont creux et sans grand intérêt.
Les personnages ne réussissent même pas à rattraper ce désastre.
Wolfe passe son temps à vouloir se baigner, son grand-père à le lui interdire quand il ne fait pas de grands mystères de la moindre broutille, à croire qu’il n’a que ce moyen pour se rendre intéressant aux yeux du jeune garçon. Les parents sont quasi inexistants, le père encore plus que la mère qui laisse son beau-père diriger la vie de son fils et l’éloigner d’eux en se contentant de hausser la voix sans conviction et uniquement devant son mari. Le Dragon passe son temps à regretter le bon vieux temps, où le soleil était plus chaud, l’air plus vif, les couleurs plus éclatantes, en prédisant que le monde va continuer de se ternir indéfiniment. Sans oublier le Père Binyon, le prêtre catholique, qui semble changer d’avis comme de chemise et tenter de ménager à la fois sa position auprès des villageois et l’amitié de nos deux exilés volontaires à grand renfort de discours mêlant persuasion, philosophie et religion.
Vous me direz qu’il faut peut-être y voir une allégorie de l’évolution du monde, toute chose est condamnée, on ne peut faire revivre le passé, ce qui est différent fait peur, blablabla. C’est bien beau tout ça, mais ça ne change rien au fait que c’est chiant à lire. À moins que je sois simplement hermétique au message et à la beauté de cette œuvre, je n’écarte pas cette possibilité.
Ah, j’oubliais… En ce qui concerne le pays qui me fascine, passé le premier paragraphe qui mentionne « un point de la côte irlandaise », ça pourrait tout aussi bien se dérouler au Japon, en Afrique du Sud ou au Canada. Bonjour la déception…
Non, décidément, je n’ai pas du tout accroché à ce roman de Stephen Gilbert !

 

Challenge Lecture 2018

  • Un livre situé dans un pays qui vous fascine

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– Un livre se passant au bord de la mer

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