Lyliane Mosca
publié en 2014
302 pages
Genre : roman

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

Six ans qu’il est parti.

 

J’espère seulement qu’Elsa m’ouvrira les bras.

 

Au fil des mois, il devient un peu plus difficile de cocher les catégories restantes du Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu. En préambule à cette nouvelle visite à la bibliothèque, j’ai dû faire quelques recherches sur internet afin de trouver des romans correspondant à mes critères du moment. Et c’est donc munie d’une (courte) liste d’ouvrages comportant la couleur « mauve » dans le titre que j’ai déambulé entre les rayonnages. Parce que vous l’aurez deviné, il s’agit de ma couleur préférée.
Si mon choix s’est finalement porté sur « Une femme en mauve » de Lyliane Mosca, cela n’a rien à voir avec le fait qu’il était le seul roman disponible ce jour-là. La quatrième de couverture, ainsi que la lecture de la première et de la dernière phrase, m’ont tout de suite révélé qu’il s’agissait d’une histoire sentimentale contemporaine, ce qui n’était pas pour me déplaire après la science-fiction et le policier. Mais surtout, après avoir rapidement feuilleté les quelques trois cents pages entre mes mains, j’ai découvert la structure de ces chapitres qui m’a convaincue que je n’allais pas être déçue.

Elsa, la cinquantaine, est veuve depuis six ans d’un mari qu’elle aime toujours autant que de son vivant. Sa solitude acceptée n’est meublée que de la présence, en pointillé, de ses enfants et petits-enfants, mais surtout des romans qu’elle écrit. Un jour elle rencontre Paul, médecin breton, veuf lui aussi. Si leurs deux solitudes se parlent, c’est surtout leur quotidien qui les rapproche : même besoin de continuer à aimer l’être absent, même déchirement de l’absence. Entre amitié amoureuse et culpabilité, leur relation devient vite essentielle. Mais recommencer à vivre à deux n’est pas facile, surtout quand les fantômes du passé s’en mêlent et qu’un poète vient jouer les trouble-fêtes.

Si l’histoire est assez classique, l’originalité de ce roman tient dans sa forme : les chapitres se succèdent avec un point de vue différent, Elsa, Paul et le poète, faisant de nous des intimes de leur histoire, de leur souffrance, de leurs émotions et de leurs désirs.
Je dois avouer que s’il m’arrive souvent de pleurer au cours de mes lectures, c’est la première fois que je fonds en larmes au point de ne plus pouvoir lire… au bout de la deuxième page ! Les mots sont justes, simples et poignants. Je me suis reconnue dans le style, ces phrases courtes qui illustrent si parfaitement les sentiments décrits.
« Lenzo, je l’aime toujours au présent. Son départ, je dis toujours son départ – c’est moins terrible que mort, ça évoque un voyage – n’a pas changé mes sentiments. Je l’aime et refuse l’imparfait. Les sentiments se défient de la séparation et le fil d’amour se prolonge par-delà le miroir.
[…]
Avec Lenzo, on a mûri ensemble, vieilli ensemble. Un peu. On s’est dépêchés d’être heureux comme si on sentait la menace, en regardant dans la même direction, toujours. Une vie, quoi !
Non, un bout. Seulement un bout, mais fort de joies et de peines et de ces petits riens, ces bonheurs simples qu’on ne remarque pas et qui enflent à vous faire éclater le cœur. Après. Quand ils sont devenus souvenirs ou photos couleur. »
Avec beaucoup de sensibilité et de talent, Lyliane Mosca nous fait partager la difficulté d’aimer à nouveau après avoir perdu l’amour d’une vie. De se montrer fidèle au passé sans renoncer pour autant au présent. Et c’est difficile de concilier les deux.
C’est d’ailleurs ce qui m’a plu, il n’y a pas de happy end tel un conte de fée. Même s’il est implicite, il n’est pas écrit, c’est au lecteur de l’imaginer.
De même que le triangle amoureux qui semble se dessiner avec la succession des trois points de vue n’en est pas réellement un. Le poète est avant tout un rappel du passé, réconfortant. Ou une révélation d’un avenir possible, effrayant. Il est une vie parallèle que l’on croise et recroise avec indulgence ou sévérité.

Une parenthèse qui m’a fait un bien fou et que je recommande sans hésiter !

 

Challenge Lecture 2018

  • Un livre comportant votre couleur préférée dans le titre

Mais ce livre pourrait également cocher la catégorie suivante :
– Un livre sur la mort ou le deuil

Les autres catégories du challenge sont à découvrir ici.