Ça aurait pu être un conte de fée moderne.

Âmes solitaires, Bibiche et Chamallow se rencontrèrent grâce à la magie d’Internet. Le début d’une belle histoire d’amour à distance avec d’innombrables  retrouvailles sur le quai d’une gare, puis un tourbillon d’événements qui s’enchaînèrent pour les réunir en Picardie. Et comme dans les histoires, après un an et demi de bonheur, ils rêvèrent de fonder une famille. C’est à ce moment-là que les choses commencèrent à se compliquer.
Déjà maman d’une adolescente, Bibiche avait 41 ans. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils consultèrent un médecin qui les orienta vers un centre de PMA (Procréation Médicalement Assistée). Malgré les complications à venir, ils étaient confiants. La chance leur avait souri, elle n’allait pas les abandonner si près de leur destinée de parents.

Mais la vie n’est pas un conte de fée, n’est-ce pas ?

 

Si je commence aujourd’hui à tenir ce « journal », c’est qu’une année s’est écoulée depuis le premier rendez-vous avec le spécialiste du centre de PMA. Une année qui n’a pas été facile, pour l’un comme pour l’autre. Une année qui nous a amenés à réfléchir sur nous-mêmes et notre désir d’enfant.
Une année au cours de laquelle j’ai souvent songé à partager notre vécu. Les émotions. Les épreuves. L’incertitude.

Aujourd’hui je saute le pas car nous nous dirigeons vers une fin et un commencement.

Une fin ?
L’une des contraintes de la PMA est qu’elle n’est prise en charge par la Sécurité sociale que jusqu’au quarante-troisième anniversaire. Le temps nous était compté dès le début, nous en étions conscients. Ce qui impliquait d’enchaîner les tentatives sans vraiment laisser au corps, et au moral, le temps de se ressourcer.

À deux mois de mon quarante-troisième  anniversaire, le bilan est le suivant :
– quatre inséminations artificielles dont l’une s’est soldée par une fausse couche provoquée à 7 semaines de grossesse – j’y reviendrai
– une FIV (Fécondation In Vitro) décevante, visiblement mon corps ne réagit pas aussi bien à la stimulation que lors des inséminations
– une seconde tentative de FIV transformée en cinquième insémination faute d’une réponse satisfaisante au traitement pourtant intensif par rapport à la fois précédente
– une troisième et sans doute dernière tentative de FIV qui débutera durant les fêtes de fin d’année avec un tout nouveau traitement censé « booster encore plus » ma production d’ovocytes
– des espoirs déçus à l’ouverture de l’enveloppe du laboratoire avec ce mot qui ressort sur le papier blanc, « négatif »
– une année entière de notre vie rythmée par les examens, les piqûres, les échographies, les rendez-vous médicaux à Reims, les trajets et les jours de congés posés à la dernière minute, la fatigue physique et morale
– les 6 kg en plus sur la balance, ressentis au double dans les vêtements suite aux effets secondaires du traitement

Je ne regrette rien.
Pas même la souffrance de cette fausse couche. Ni les larmes versées sans interruption pendant vingt-quatre heures après que notre médecin nous ait appris que l’embryon avait cessé de se développer. Que j’allais « l’évacuer de manière naturelle » en avalant un simple comprimé comme si c’était chose banale. Anesthésiée par la nouvelle après l’euphorie contenue depuis l’annonce de ma grossesse.
Ce moment dans les toilettes de mon travail, où j’ai physiquement cessé d’être enceinte, gravé dans ma mémoire.

Non je ne regrette rien.
Parce que ça vaut le coup. Les efforts valent le coup. Les sacrifices aussi parfois.

Aujourd’hui, notre réflexion n’est plus la même qu’il y a un an.
Nous avons réalisé qu’un enfant n’était pas « essentiel » à notre bonheur. Si notre désir d’être parents ensemble est toujours aussi présent, nous savons aujourd’hui que nous sommes plus forts que la désillusion de cet espoir déçu.
Cette dernière tentative de FIV qui s’annonce, je l’envisage avec plus de sérénité, moins de pression. Parce que quoi qu’il arrive, ce sera la dernière. Une page qui se tourne vers un nouveau chapitre de notre vie.

 

Un commencement ?
Et ce prochain chapitre de notre vie, il pourrait s’intituler « Sur le chemin de l’adoption ».
Alternative à la PMA dans notre désir d’enfant mais aussi projet esquissé dès les premiers mois de notre rencontre, l’adoption nous parle à l’un comme à l’autre pour des raisons qui nous sont propres. Vécu familial, réflexions personnelles, philosophie de vie…
Je n’ignore pas qu’il s’agit d’une procédure longue et éprouvante. C’est ce qui me motive à ouvrir ce blog pour partager notre expérience à venir. Je sais que j’en aurai besoin.

Nous n’en sommes qu’au tout début.
Première prise de contact avec le Service Aide à l’enfance et à la famille de l’Aisne pour nous inscrire à une réunion d’information qui se tiendra début février. Réception du Guide à l’usage des futurs adoptants. Partage en famille autour de ce sujet pour y inclure nos proches, ma fille de 17 ans et nos parents. Parce que ce projet n’implique pas que notre couple, même si c’était déjà le cas dans une moindre mesure avec la PMA.

Je sais d’où je viens, ce que j’ai vécu pour en arriver jusque là.
Notre rencontre a fait rejaillir en moi ce désir d’enfant que j’avais enfoui, notre enfant comme un témoignage vivant de notre amour. Depuis un an, concevoir un enfant est devenu une procédure médicale impossible à oublier. Et même si l’adoption ne me permettra pas de porter cet enfant et que je ne regrette en rien ces douze derniers mois, je suis heureuse que devenir parents redevienne humain, tout simplement.

 

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