Pour la première fois depuis longtemps, j’ai ressenti cette désagréable sensation physique digne des addictions les plus noires. Oppression. Urgence du besoin à assouvir. Accélération du rythme cardiaque à l’idée de passer à l’acte. Le ventre qui se contracte. Les mains qui tremblent. L’intensité des émotions oubliées qui refait surface.
Aucun signe annonciateur de la crise. J’étais au travail, occupée à mettre à jour un tableau des effectifs de l’association. Devant un ordinateur certes, mais sans créativité aucune. Bien loin de penser à Nora, ou aux dizaines d’ébauches de nouvelles qui traînent sur mon vieux disque dur.
Ça m’est tombé dessus comme le tintement des glaçons dans un verre réveille soudain le désir d’un alcoolique abstinent depuis quinze ans. Violent. Irrépressible. Impossible à satisfaire.
Avec pour principale différence que cette addiction n’est pas nocive.
J’ai cherché comment y céder. Mais on ne reprend pas l’écriture après une interruption de trop nombreux mois sans préparation. Ce serait comme courir un marathon sans s’y être entraîné. Essoufflée au bout de cent mètres, de cents mots. Découragée. Frustrée.

Tout au long de la semaine, j’ai réfléchi. Comment me remettre à écrire ?
Petit à petit, un chemin s’est dessiné. Issu de mes réflexions et d’une discussion avec Chamallow. J’ai besoin d’un cadre, d’objectifs réalistes et concrets, de régularité. D’un entraînement programmé et ludique. Pour que mon plaisir s’épanouisse au quotidien, de semaine en semaine. Avec une « récompense » à la clef, comme la cerise sur le gâteau.
Alors aujourd’hui, je m’engage. Solennellement. Avec pour preuve un enregistrement vocal sur le smartphone de Chamallow !
Sur le principe du Challenge Lecture, j’ai décidé de me lancer dans un Challenge Écriture. Un texte par semaine pendant toute l’année. Un texte court, avec pour point de départ, un mot choisi au hasard.
J’ai conscience que c’est un projet ambitieux, cinquante textes en une année pour moi qui n’en ai même pas écrit un seul l’année dernière. Mais comme une nouvelle bonne habitude a besoin de la répétition pour s’ancrer dans la vie de tous les jours, comme le sportif a besoin de s’entraîner quotidiennement pour progresser, si je ne m’astreins pas à une pratique régulière je sais qu’écrire continuera de m’apparaître trop difficile à conjuguer avec le travail, la vie de couple, la famille, les autres loisirs… Et c’est en me contraignant que je retrouverai la facilité d’écriture qui était la mienne il y a quelques années. Et le plaisir.

C’est avec des papillons dans le ventre et les doigts qui me démangent déjà de retrouver mon clavier que je me donne rendez-vous la semaine prochaine, pour le premier texte de cette année.