« Madame, Monsieur,
Vous êtes candidats à l’adoption dans le département de l’Aisne. »

C’est par ces mots que débute le courrier qui accompagne le dossier de demande d’agrément en vue d’une adoption que nous avons reçu cette semaine.

Deux mois se sont écoulés depuis la fin de notre parcours de PMA.
Plus de traitements hormonaux. Plus de rendez-vous à Reims à la dernière minute. Moins de fatigue, même si elle est longue à s’estomper – il faut dire que le rythme au travail ne facilite pas les choses ces dernières semaines. J’aimerais dire que j’ai retrouvé mon corps d’avant mais ce n’est pas le cas, j’ai pris en kilos superflus ce que je n’ai plus en gonflement dû aux hormones. Je fais avec.
Deux mois qui m’ont parfois paru longs jusqu’à la réunion d’information programmée le vendredi 13 avril – amis superstitieux n’y voyez aucun signe ! Initialement prévue le 2 février, nous avions dû la reporter pour cause de réimplantation embryonnaire.

Ce vendredi matin, nous étions donc onze candidats à l’adoption présents à la Direction de la Prévention et de l’Action Sociale, seuls ou en couple. Un groupe relativement important, apparemment.
Nous avons été reçus par la Coordinatrice de la Mission Adoption du département, avec laquelle j’avais été en contact depuis le début de notre démarche, et une travailleuse sociale, qui nous ont exposé en détail les différentes étapes d’une procédure d’adoption. Une procédure à la fois simple et complexe.
Simple parce que les différentes étapes sont claires (questionnaire à remplir, documents officiels à fournir, rendez-vous multiples avec un travailleur social et un psychologue, présentation du dossier devant la Commission) et la durée avant la décision imposée. Neuf mois pour être fixés sur l’accord ou le refus d’agrément.
Complexe parce qu’une procédure d’adoption nous amène forcément à nous questionner sur notre désir d’enfant, sur notre conception de ce qu’est « être parents » et encore plus être parents d’enfants adoptés. Parce que nous ne serons pas les seuls à nous questionner. Et que même si on nous répète bien qu’il ne s’agit pas d’un jugement sur notre capacité à devenir parents, ça l’est quand même un peu. Parce que c’est le genre d’examen auquel personne n’a envie d’être recalé.
De par mon parcours personnel, j’avoue que j’appréhende les rendez-vous avec le travailleur social et surtout le psychologue. Parce que je sais que je me montrerai honnête, sans rien dissimuler de mon passé et de mes faiblesses. Et ça me fait peur. Peur pour moi mais surtout peur parce qu’il n’y a justement pas que moi.

Bref…

Pour en revenir à la réunion de ce vendredi matin, après la description détaillée de la procédure, les deux intervenantes nous ont présenté la situation et les chiffres de l’adoption dans l’Aisne. Pas forcément très encourageant… Huit adoptions l’année dernière pour soixante-dix-huit dossiers en attente d’enfants. Ça va être long, très long. Nous le savions déjà, mais être confrontés à la réalité des chiffres n’est pas la même chose que de simplement le savoir. Ça devient plus concret.
Ce qui devient plus concret aussi, c’est notre projet personnel. Jusqu’au jour de la réunion, nous avions volontairement repoussé la confrontation de nos préférences et de nos limites. Parce que c’était trop tôt. Parce que sur l’essentiel nous savions que nous étions sur la même longueur d’onde. Adoption en France ou à l’international, enfant unique ou fratrie, âge, handicap.
Tous ces sujets ont également été abordés par les deux intervenantes au cours de la réunion. Avec des exemples concrets parfois édifiants, comme les critères pour adopter dans certains pays qui vont jusqu’au calcul de l’IMC, ou encore le manque de préparation psychologique d’autres pays envers les enfants qu’ils confient à l’adoption.

J’avais entendu dire que cette réunion avait pour but, entre autre, de tenter de décourager les personnes qui n’étaient pas prêtes à se lancer dans ce parcours du combattant qu’est l’adoption. Et c’est vrai que le tableau que l’on nous a dressé n’est pas des plus encourageants. Adopter est une procédure longue, difficile, éprouvante. Sans doute plus que je ne l’imagine encore aujourd’hui. Mais ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête, c’est le plus souvent le fruit d’une longue réflexion, personnelle puis à deux dans notre cas. D’un parcours. D’une histoire. De souffrance et d’espoir. De rêves de famille.
Notre famille…

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