Alexandre Dumas fils
publié en 1848
220 pages
Genre : roman

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

Mon avis est qu’on ne peut créer des personnages que lorsque l’on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu’à la condition de l’avoir sérieusement apprise.

 

L’histoire de Marguerite est une exception, je le répète ; mais si c’eût été une généralité, ce n’eût pas été la peine de l’écrire.

 

C’est un peu par hasard que j’ai choisi de lire « La dame aux camélias » d’Alexandre Dumas fils. Je m’étais penchée sur la catégorie adaptation en comédie musicale du Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu et j’avais beaucoup de mal à trouver un ouvrage soit que je n’avais pas déjà lu, soit que j’avais envie de lire. Au passage j’ai été surprise par certains titres de cette liste, je n’avais pas idée que tant de comédies musicales avaient été créées ou adaptées au cours des cinquante dernières années !
Alors que j’étais prête à renoncer, je suis tombée à la bibliothèque sur une édition de « La dame aux camélias » qui comprenait, outre le roman original, l’adaptation en pièce de théâtre par l’auteur ainsi que le célèbre opéra de Verdi qui s’en inspire, La Traviata. Perfetto ! Après tout, un opéra est en quelque sorte l’ancêtre d’une comédie musicale, non ?

En quelques mots, « La dame aux camélias » raconte l’histoire d’amour entre Armand Duval, jeune homme de bonne famille, et Marguerite Gautier, une jeune et belle courtisane qui se meurt de la tuberculose.
Récit dans un récit, le narrateur nous présente d’abord les circonstances dans lesquelles il fait la connaissance d’Armand Duval, avant de nous rapporter le récit du jeune homme auquel « c’est à peine [s’il a] changé quelques mots ».
Œuvre la plus connue de Dumas fils, il s’agit d’un roman d’inspiration autobiographique dans lequel il fait allusion à sa propre aventure amoureuse avec Marie Duplessis. Comme nous le fait remarquer le narrateur dès le premier chapitre, « J’engage donc le lecteur à être convaincu de la réalité de cette histoire dont tous les personnages, à l’exception de l’héroïne, vivent encore. »  C’est une impression qui est renforcée par le fait que nous ne savons rien du narrateur, qui s’efface au profit du récit d’Armand Duval, véritable héros du roman.

« La dame aux camélias » fait partie de ces romans qui me sont familiers sans jamais les avoir lus. Presque une histoire banale dans le Paris chic du 19ème siècle.
Tout y est. Le jeune homme de bonne famille. La belle demi-mondaine. La liaison facile. L’amour fou et la jalousie. L’inexorable maladie. Le difficile choix d’une vie simple qui se nourrit « d’amour et d’eau fraîche ». Le sombre secret. L’influence de la morale. La rupture cruelle. La vengeance de l’un dans la souffrance de l’autre. La nuit de retrouvailles et de pardon. L’éloignement. La fin pathétique, abandonnée de tous. La révélation du sacrifice pour l’honneur d’une famille.
Tout y est, les ficelles sont évidentes et pourtant je me suis laissée charmer par les mots, la simplicité, la naïveté presque. Sans doute mon côté fleur bleue qui aime verser une petite larme devant les belles histoires d’amour qui finissent mal.
Pourtant, à côté de la romance, il y a l’intérêt pour l’univers qui y est décrit dans un style limpide, accessible tout en étant littéraire. Ce demi-monde qui a fait coulé beaucoup d’encre, inspiré de grands auteurs. C’est une époque que j’aurais aimé connaître, un mode de vie qui me fascine.
Sans parler du pouvoir rédempteur de l’amour. L’amour sincère qui efface le passé, les amants, le vice de la prostitution de luxe, de l’argent facile et des dettes. L’amour le plus pur qui naît parfois où on l’attend le moins, et qui pousse au sacrifice de soi-même dans l’intérêt (supposé) de l’être aimé.
La fin aurait pu être différente. Moins dramatique. Mais serait-elle aussi belle, aussi poignante si Marguerite faisait passer son amour pour Armand avant le bonheur d’une femme dont elle ignore tout ? S’ils vivaient heureux jusqu’à ce que la mort les sépare ? Si Armand découvrait la vérité avant la mort de Marguerite ? S’ils se revoyaient une dernière fois ? Non, je ne crois pas. Pour moi le charme de ce roman vient aussi de sa fin.
Si belle, si triste.

 

Challenge Lecture 2018

  • Un livre qui est aussi une pièce de théâtre ou une comédie musicale

Les autres catégories du challenge sont à découvrir ici.