George Sand
publié en 1846
195 pages
Genre : romance champêtre

Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, que ce soit en librairie, à la bibliothèque ou sur les étagères d’un ami, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus. Et c’est parfois très parlant !

Le quatrain en vieux français, placé au-dessous d’une composition d’Holbein, est d’une tristesse profonde dans sa naïveté.

 

On entendait au loin les chants des jeunes garçons des paroisses voisines, qui partaient pour retourner chez eux, et qui redisaient d’une voix un peu enrouée les refrains joyeux de la veille.

 

À la lecture des catégories du Challenge Lecture 2018 des Éditions J’ai lu, un seul nom m’est spontanément venu à l’esprit : celui de George Sand, évidemment pour l’auteur féminin au pseudonyme masculin.
Je me souviens d’un livre à couverture rouge posé sur les étagères de ma bibliothèque d’enfant, un superbe ouvrage de collection offert par une personne connaissant mon goût pour les livres… mais un ouvrage qui n’a jamais été ouvert. À « La petite Fadette » je préférais alors les aventures de Fantômette !
Qu’à cela ne tienne, je peux aujourd’hui rattraper mon retard… en lisant « La mare au diable » dont le titre m’a semblé plus prometteur et moins enfantin lorsque je l’ai emprunté à la bibliothèque.
Bon, je reconnais avoir été un peu déçue – et surprise, mais cela m’apprendra à me renseigner sur le sujet d’un livre avant de commencer à le lire – quand j’ai réalisé que je partais pour près de deux cents pages d’une version 19ème et bucolique d’un roman Harlequin !

Mais de quoi parle donc « La mare au diable » ?
Ce chef-d’œuvre débute par deux magnifiques chapitres dans lesquels George Sand s’étend sur sa motivation à écrire ce roman. Son insatisfaction devant la vision sombre du monde rural de l’époque, la Mort qui accompagne le laboureur comme dans cette gravure d’Holbein qu’elle nous décrit. Son désir de nous présenter une vision plus riante de la vie paysanne, « que le laboureur, en semant son blé, sache qu’il travaille à l’œuvre de vie, et non qu’il se réjouisse de ce que la mort marche à ses côtés. »
Après cela, nous entrons dans le vif du sujet.
Germain, brave laboureur de vingt-huit ans, veuf depuis la naissance de son troisième enfant, se voit conseiller par son beau-père de prendre une nouvelle épouse en la personne d’une veuve d’un village voisin. Se soumettant sans trop de conviction à la décision du chef de famille, Germain part donc pour faire la connaissance de sa promise, emmenant avec lui son fils Petit-Pierre, un sympathique chenapan qui s’est sauvé de la maison pour venir avec lui, et Marie, une jeune voisine de seize qui part travailler comme bergère. Mais coup du sort, les voilà qui s’égarent dans la forêt, un brouillard  épais se lève et ils finissent par passer la nuit à côté d’une mare « ensorcelée ». Là, Germain prend conscience de son amour pour Marie, qui le repousse en raison de son âge.
Parmi les péripéties qui suivront : la promise qui joue les coquettes avec ses prétendants sous le regard complice de son père, le maître de la jeune bergère qui lui fait des avances, sa fuite éperdue avec Petit-Pierre jusqu’à ce que Germain les retrouve, le désespoir de Germain qui « se laisse dépérir d’amour » après leur retour au village, la belle-mère qui s’en mêle pour venir en aide à l’amoureux éconduit. Et je vous le donne en mille, la discussion à cœur ouvert entre Germain et Marie qui se termine par de tendres aveux… c’est-y pas beau tout ça !
Mais ce n’est pas fini ! Après ce parfait dénouement romantique, il nous reste encore quatre chapitres à savourer, dans lesquels George Sand nous fait découvrir les traditions berrichonnes des noces de campagne.
Point final, ouf !

Que vous dire de plus sur ce superbe roman ?
Qu’il a rencontré un vif succès lors de sa parution et qu’il reste à ce jour l’un des romans les plus connus de l’auteur.
Qu’il a été plusieurs fois adapté au théâtre, au cinéma ou à la télévision.
Que j’en ai appris de belles sur la vie de George Sand lorsque j’ai fait quelques recherches suite à ma lecture – frasques sentimentales avec de nombreux amants, entre autre.
Comment, ça ne vous intéresse pas ? Vous voulez que je vous parle de ce qui m’a fait vibrer ? Euuuh…
Je sais, j’ai coché une nouvelle case du Challenge Lecture 2018 des Éditions… Non ?
Bon, au risque de vous surprendre, je dois vous avouer que je n’ai pas vraiment accroché sur « La mare au diable ». C’est très convenu, attendu. Gentillet. Complètement idéalisé et donc pas du tout réaliste.
Après je relativise, au milieu du 19ème siècle, les romans à l’eau de rose n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et ça reste une lecture divertissante, voire intéressante si on garde à l’esprit l’époque et la subjectivité évidente de l’auteur. Mais quel bonheur d’arriver enfin à la dernière page !

 

Challenge Lecture 2018

  • Un livre écrit par une femme qui utilise un pseudonyme masculin

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