Olivia Ruiz
publié en 2020
181 pages
Genre : roman
Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus.
On a poussé les meubles et dansé toute la nuit dans un bain de larmes avec Papi, ça nous a fait du bien.
[…]
Et parce qu’une commode bien gardée et bien remplie, ça rend l’imagination des enfants incroyablement fertile.
***
Ce premier roman d’Olivia Ruiz, plus connue pour sa participation à la première saison de la Star Academy et la carrière d’auteure-compositrice-interprète qui a suivi, il m’a été offert en cadeau d’anniversaire par mes beaux-parents, qui connaissent bien mon amour des livres.
Un choix qui n’est pas uniquement dû au hasard, puisque Chamallow m’a confié que la lecture de la quatrième de couverture, alors qu’il accompagnait sa mère pour cet achat, lui a rappelé un roman que j’ai commencé à écrire il y a quelques années.
Après une originale première réaction « Je ne savais pas qu’Olivia Ruiz avait écrit un livre ! », la couverture colorée m’a tout de suite attirée. Cette tonalité chaude, ses traits vifs qui symbolisent les fameux tiroirs de la commode du titre.
Et je n’ai pas tardé à succomber à la tentation de découvrir si l’interprète de La Femme chocolat avait un joli coup de plume !
***
Lorsque que Rita meurt, sa petite-fille hérite de la commode aux tiroirs colorés qui les intriguaient tant étant enfants, ses cousins et elle.
Le temps d’une nuit, elle ouvre les tiroirs et découvre à l’intérieur les objets qui racontent la vie et les secrets de cette femme qui a fui la dictature franquiste en compagnie de ses sœurs alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Une femme qui a aimé, qui a souffert.
Une femme qui lègue à sa petite-fille l’héritage des générations de femmes qui l’ont précédée.
***
Ce court roman, j’ai pris mon temps pour le lire.
Parce que derrière les objets symboliques, chaque chapitre est une pièce qui s’ajoute au puzzle qu’est la vie de Rita. Cette femme qui, à l’approche de la mort, transmet à sa petite-fille les secrets de sa vie et le poids de cet héritage.
J’avoue que j’ignore tout de la guerre civile en Espagne, de ces exilés qui ont fui le régime franquiste et la mort qui les attendait. J’ai pourtant fait espagnol seconde langue au collège et au lycée. Mais aucun de mes professeurs, au cours de ces cinq années, n’a abordé cette thématique parmi les textes étudiés.
Et si le roman d’Olivia Ruiz ne fait qu’effleurer le sujet, il m’a néanmoins confrontée à l’exil, aux sacrifices, à la difficile intégration et à la souffrance. Mais aussi à l’amour, au partage. À la vie sous toutes ses formes. À la résistance et à la résilience, un mot que j’aime mais que je trouve aujourd’hui galvaudé.
Les mots d’Olivia Ruiz, eux, sont justes, aussi bien dans la violence que dans la légèreté. Le féminisme y est assumé, jusque dans l’épilogue qui surprend.
À un moment donné, je me suis demandée si ce récit n’était pas en partie autobiographique. Si ce n’était pas la vie de sa grand-mère qu’Olivia Ruiz nous narrait en la romançant. Il y avait forcément du vécu derrière ce texte. Puis l’interrogation a perdu son sens. Quelle importance au fond ?
Au final, je ne retiendrai qu’une phrase, celle qui m’est spontanément venue à l’esprit quand j’ai évoqué ma lecture avec Chamallow. « Tu peux réellement toucher la vie du bout des doigts quand tu le lis… »