Chloé Delaume
publié en 2007
152 pages
Genre : livre dont vous êtes le héros
Mon incontournable
Lorsque je choisis un livre, la lectrice passionnée que je suis a un petit rituel incontournable : lire la première et la dernière phrase pour se donner envie d’en découvrir plus.
Sauf que cette fois-ci, j’ai choisi de ne citer que la première phrase. Explications à venir…
La peau du septième nourrisson se détache avec difficulté, l’injection ne résout en rien le problème du dépiautage à vif, ce qui contrarie au plus haut point Miss Mildred.
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Ce livre de Chloé Delaume m’a été offert par Chamallow, qui connaît bien mon amour inconditionnel pour la série Buffy The vampire Slayer.
Intriguée par l’apparence noire épurée et le résumé en quatrième de couverture, j’ai feuilleté l’ouvrage et je n’ai pas tardé à m’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’un roman classique, mais d’un livre dont vous êtes le héros en lien avec l’univers et surtout les personnages de ma série préférée. À ce moment-là, j’étais terriblement emballée, je ne vous le cache pas !
Au passage, cela justifie mon choix de ne citer que la première phrase du livre.
En effet, dans un livre dont vous êtes le héros, pour ceux qui l’ignoreraient, la lecture ne se fait pas de manière linéaire, mais en suivant un parcours qui vous fait naviguer au gré des choix que vous faites dans le scénario, entre de courts « chapitres » numérotés sans lien direct entre ceux qui se suivent. Le tout à la deuxième personne du pluriel, comme si l’auteur s’adressait directement à vous, lecteur.
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Vous vous réveillée jeune femme amnésique dans ce qui ressemble à un hôpital psychiatrique en décrépitude. Petit à petit, vous partez à la découverte de ce qui se trame dans les couloirs obscurs, au gré des rumeurs et de vos rencontres avec W, A ou encore RG.
Vos rêves sont-ils plus réels que la réalité ? QUI êtes-vous ?
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La lecture de la préface par Pacôme Thiellement a quelque peu douché mon enthousiasme premier. J’ai alors cru comprendre que « La nuit je suis Buffy Summers » n’était pas un simple livre-jeu, mais un épisode dans la série de livres de Chloé Delaume, auteure, narratrice et héroïne de la vingtaine d’autofictions expérimentales qu’elle a publiées. Je vous renvoie d’ailleurs à son site.
À mon interrogation habituelle « Est-ce que je n’aurais pas dû commencer par le début ? » s’est soudain ajoutée une crainte de ne pas saisir ce qu’était cette autofiction expérimentale. Mais qu’à cela ne tienne me suis-je dit, je verrai bien au fil de ma lecture.
Vous noterez ma naïveté optimiste…
Armée d’un crayon et d’une feuille de route sur laquelle j’ai sagement noté mes points d’Habitation Corporelle et de Salubrité Mentale, je me suis dirigée vers le début de l’histoire, vêtue de ma seule chemise de nuit.
Déjà, dès les premiers paragraphes, j’ai tiqué. Relu plusieurs fois la même phrase. Fini par comprendre que l’ordre des mots n’était pas sans m’évoquer vaguement le parler de maître Yoda. « Lit désormais défait, au chrome embué votre reflet… »
Quant à la ponctuation, elle est sans doute au service de l’impression d’évoluer dans un psycho-délire, mais elle n’aide pas beaucoup à la compréhension.
Peu à peu, au fil de mes choix, l’histoire se dessine, intéressante. Une secte de Néantisateurs à la recherche du sang de l’Élue pour ressusciter un philosophe nihiliste au milieu de sacrifices sanglants. Une intrigue presque classique dans l’univers de Buffy Summers, qui a déjà sauvé le monde de plusieurs apocalypses.
Ma première tentative se solde par un échec, suite à un lancer de dés qui me ramène à l’hôpital psychiatrique.
Je retente ma chance, en apprends plus au cours de discussions avec les membres du Scooby Gang facilement identifiables à leurs initiales. Mais l’enthousiasme a laissé place à une lassitude. J’ai du mal à m’identifier, à suivre le style décousu, emmêlé de la narration. Je me perds dans des phrases alambiquées.
Et si cette seconde tentative se termine en apothéose, « Le bonheur est profond et la joie a mûri. Dernier travelling arrière. Vous avez gagné la partie mais certainement pas une vraie guerre. Pourtant le générique fait déjà son effet. », je reste sur ma faim.
Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ma lecture… Déroutante, sans aucun doute.
Je ne suis pas familiarisée avec le style de Chloé Delaume, mais cela m’intrigue. Tous ses livres sont-ils aussi perturbants ? En décalage complet avec ce que l’on a l’habitude de fréquenter ? Est-ce cela, une littérature expérimentale ? Renouveler, bousculer ? Ne pas laisser indifférent ?
Si vous avez lu certains de ses livres, j’aimerais beaucoup avoir votre avis !
Je ne sais pas vous, mais moi je me referais bien un épisode de Buffy, là…